Emploi & autonomie des jeunes

Propositions de Jacques Voisin, Président de la CFTC à l'occasion des voeux à la presse concernant l'emploi et l'autonomie des jeunes :

La CFTC considère que l’emploi est l’un des éléments déterminants dans la construction du parcours de vie de chaque personne. Il permet d’avoir une vie sociale et de se projeter dans l’avenir ; c’est autour de lui que la personne se construit et élabore son projet de vie.

Partant de ce principe, l’entrée dans la vie active des jeunes constitue aux yeux de la CFTC une priorité. L’épanouissement familial et professionnel de nos concitoyens et l’avenir de notre économie et de notre société en sont les enjeux.

L’insertion professionnelle des jeunes est une problématique complexe qui doit être envisagée dans sa globalité, car les intervenants sont nombreux, et les situations individuelles rencontrées multiples. Pour la CFTC, il est impératif de proposer à chaque jeune tous les outils et structures afin de leur faciliter l’accès à l’emploi, leur maintien et leur orientation.

Concernant l’emploi des jeunes, la CFTC se positionne sur la question plus large de l’autonomie des jeunes et propose une allocation ou un RSA jeune à un niveau décent sans les conditions très restrictives actuelles. Cette allocation permettrait un accès au logement sous condition d’un encadrement du prix des loyers. Cette autonomie suppose aussi une véritable protection sociale et une aide pour les transports.

La CFTC soutient l’apprentissage et l’alternance mais pense aussi, qu’il est indispensable de mettre l’accent sur l’orientation tout au long de la vie, sur la formation professionnelle et sur l’accompagnement des jeunes en leur permettant d’avoir accès à un guichet unique.

Elle demande que soit améliorée les relations entre le monde de l’éducation et celui du travail et vis et versa. Cela veut dire qu’à un moment ou un autre, il faudra que les deux mondes Education Nationale et Entreprises ouvrent un dialogue, en particulier sur les contrats d’apprentissage et sur la professionnalisation. Elle souhaite que la capacité et les conditions d’accueil des jeunes dans les entreprises soient améliorées et que soit proposé moins de stages et plus d’alternance!

La CFTC est favorable au développement des stages en entreprises mais rappelle que ces derniers doivent être intégrés dans le cadre d’un cursus scolaire et ne doivent en aucun cas se substituer à une première expérience professionnelle après diplôme. Ces derniers doivent être adaptés à la capacité d'accueil de l'entreprise qui n'est pas à l’origine un lieu dédié à la formation, mais ne doivent pas être détournés de leur objectif initial et se transformer en emploi précaire.

La CFTC préconise donc la mise en place de contrats réciproques d’engagement dans des conditions bien cadrées. Un jeune s’engage à travailler pour une entreprise sur une durée, pour une rémunération et pour une qualification à fixer d’un commun accord. Pour sa part, l’entreprise prend en charge la formation qualifiante ou diplômante et remet à l’issu du stage une attestation comprenant toutes les tâches effectuées. Enfin, il est aujourd’hui indispensable d’inclure la validation des trimestres retraite dans le cadre des stages effectués en entreprise.

L'Insertion professionnelle, notamment des jeunes est avant tout une question d'emplois disponibles et de gestion prévisionnelle des besoins d'emplois et des compétences. Or dans une situation persistante de chômage élevé, les jeunes sont aujourd’hui les premiers touchés (24% des actifs de ‐ de 25 ans sont au chômage). Leur insertion dans la vie active, pour la CFTC, doit donc être une priorité.

Au‐delà, les jeunes ont besoin d'accéder à une autonomie, afin de prendre en main leur avenir professionnel. C’est pourquoi, la CFTC choisit d'axer ses propositions en matière d’emploi des jeunes sur leur autonomie tout en proposant de les accompagner dans leur projet de vie.

L’autonomie des Jeunes

La CFTC propose la mise en place d'un fond de soutien à l'autonomie et à l'insertion pour élargir l'accès au RSA "jeune". Se pose alors la question de l'allocation "autonomie" et du RSA Jeune.

En effet, les conditions actuelles sont trop restrictives. L’objectif de la CFTC est de pouvoir donner de l’autonomie aux jeunes face à la précarité de l'emploi, face au besoin en matière de logement, en matière de santé et de protection sociale. L’accès à l'autonomie ou à l'emploi passe par l'accès aux logements disponibles avec des loyers encadrés.

Pour lutter contre la précarité, elle propose de moduler les contributions sociales, notamment chômage, en fonction de la durée du contrat. Cette lutte contre la précarité de l'emploi peut passer par une taxation des entreprises qui ne donne pas la priorité à des emplois stables, facteur d’absence d’autonomie.

L’orientation des Jeunes

Créer un lieu unique où les jeunes peuvent trouver un service d’orientation, un espace dédié au logement, une aide auprès d’assistante sociale…

Dans le cadre de son insertion professionnelle, le jeune est obligé de faire appel à des structures très diverses, dans des domaines aussi variés que l’emploi, la formation, le logement, la santé… Face à la multiplication de ces organismes, qui dépendent de l'Etat, des collectivités territoriales ou des partenaires sociaux, les personnes se trouvent démunies. De plus, leurs nombres toujours croissants et leur éparpillement à pour conséquence de décourager les usagers dans leurs démarches auprès de ces organismes.

Propositions

La CFTC propose que soit mis à la disposition des jeunes et de leurs parents un lieu unique, afin de leur permettre de faire des choix.

Pour la CFTC, il est nécessaire de créer, dans chaque bassin d'emploi, un lieu unique ou chaque jeune pourra trouver un service d'orientation et d'accompagnement, afin de construire son parcours de vie. Ce lieu peut être organisé au sein des maisons de l'emploi ou d'autres structures existantes.

Ce regroupement d’organismes doit permette à chaque jeunes de faire des choix opérationnels au regard des évolutions des emplois et des qualifications, en tenant compte de la situation actuelle et à venir du marché du travail.

Les partenaires sociaux seraient associés à l’administration de ce service d’orientation professionnelle qui mettrait en synergie les différents acteurs dans les bassins d’emploi. Ils veilleraient à ce que l’information diffusée soit en conformité avec la réalité du marché du travail.

Elle propose de mettre en place le service public de l'orientation tout au long de la vie professionnelle, tel que la CFTC l’a proposé. Cette structure dédiée permettrait de mieux aider les jeunes à choisir une orientation professionnelle en tenant compte de son environnement, de ses évolutions et sans contraintes d’accepter un emploi par nécessité. Par l’intermédiaire de cette entité, un bilan de compétence, devra être réalisé, afin de reconnaitre les savoirs acquis, les valider et les référencer. Ainsi, il serait plus facile d’identifier les besoins du jeune en recherche d’emploi. L’instauration d’une carte jeune équivalente à un passeport « orientation formation » permettrait de recueillir tous les éléments issus du bilan de compétence réalisé et de construire un véritable projet professionnel.

Ce service public de l'orientation devrait permettre un accompagnement personnalisé de tous les jeunes et pas seulement de ceux qui rencontrent des difficultés vers l'emploi, même s’ils sont prioritaires. Pour répondre à cet objectif, il convient de mobiliser tous les moyens, humains notamment, nécessaires. Cet accompagnement serait valable également en cours de scolarité.

Cet accompagnement personnalisé pourrait être réalisé par la mise en place d’équipes techniques d’accompagnement composées de professionnels de Pôle Emploi.

Promouvoir la mise en place d’un passeport orientation formation

De nombreux jeunes sortent du système scolaire sans maîtriser les savoirs de bases. Ils ne sont ni suivis ni intégrés dans un cadre ou une institution.

Propositions

La CFTC n’est pas favorable au fichage des personnes mais, dans ce cas précis, elle considère qu'il est important de créer un dispositif qui puisse identifier les jeunes sortis du système scolaire sans aucune maîtrise des savoirs de base, afin de les aider. La CFTC propose la mise en place d’une carte jeune prémices du passeport orientation formation. Basé sur le principe du bilan de compétence, il constitue un véritable « traceur » qui doit permettre de faire régulièrement un point d’étape et ainsi orienter, au plus tôt, chaque jeune dans le choix de ces études.

Chaque jeune ainsi identifié bénéficie d'un bilan d'étape destiné à identifier et recenser ses besoins en formation, et de reconnaitre ses savoirs par un système validé, référencé et donc admis par tous les acteurs oeuvrant dans le domaine de l’insertion des jeunes.

La CFTC propose également qu’au cours de sa scolarité, le jeune puisse bénéficier d’un accompagnement personnalisé. L’éducation nationale doit y concourir avec l’aide de professionnels et de représentants de branches qui peuvent apporter un soutien actif.

La Formation, l’apprentissage et l’alternance

Promouvoir l’apprentissage.

La CFTC insiste sur le phénomène de précarité chez les jeunes lié à l’enchainement de contrats précaires. Elle souhaite que soit valorisée la voie de l’apprentissage et que soit mieux reconnue la valeur professionnelle de ces filières.

L’apprentissage est encore trop souvent associé à l’échec scolaire, comparé à une voie de garage, synonyme de solution de la dernière chance ou de métiers peu valorisants, alors qu’il constitue une autre manière de réussir. 25 % des jeunes entrants en apprentissage rompt leur contrat avant son terme principalement en raison des conditions d’accueil en entreprise mais aussi en raison de leurs lacunes en matière de savoirs et de savoir être.

De plus de nombreux jeunes doivent renoncer à ce type de formation faute de trouver un nombre suffisant d’entreprises pour les accueillir.

Propositions

La CFTC a précisé dans le Statut du travailleur qu’elle souhaitait que les jeunes en difficulté puissent obtenir une qualification reconnue. L’apprentissage constitue à ce titre une voie à développer et ce malgré la mauvaise image dont continue à souffrir cette filière. Il est indispensable de valoriser cette filière par une meilleure reconnaissance des métiers concernés. Les professionnels doivent, à ce titre, se mobiliser pour améliorer leur communication.

La CFTC propose que les chambres patronales promeuvent l’apprentissage auprès de leurs adhérents et que l’Education nationale, en lien avec les professionnels, assure une meilleure information auprès des chefs d’établissements, des professeurs et des parents d’élèves.

La CFTC souhaite que soient renforcés la formation des tuteurs des centres d’apprentissage et le contrôle des maîtres d’apprentissage.

Elle souhaite que l’accès à l’apprentissage en entreprise soit simplifié en réduisant par exemple la condition d’ancienneté du maître d’apprentissage de 5 à 3 ans. Elle propose aussi de développer le tutorat chez les seniors.

Enfin, l’apprentissage doit s’ouvrir aux niveaux supérieurs diplômant et propose de mieux répartir les fonds dévolus à la taxe d’apprentissage (aujourd’hui 1 milliard vont aux centres d’apprentissage et 1 milliard pour l’enseignement supérieur).

Mettre en place un chèque formation.

En 2005, 40 % des actifs étaient sans qualification de niveau V acquise en formation initiale ou continue.

Proposition

La CFTC propose de créer un chèque formation inversement proportionnel aux années d’études ou au diplôme obtenu. Il permettrait aux personnes sorties du système scolaire sans diplôme ou qualification professionnelle reconnue, d’acquérir au moins un socle minimal de connaissance de base notamment le français, les mathématiques, la culture générale... ou socle de compétence indispensable à l’entrée dans un cursus vers la qualification mais aussi pour leur garantir un accès régulier à la formation tout au long de leur vie professionnelle.

Ce chèque formation serait ensuite abondé, à l’exemple du DIF, annuellement tout au long de la vie professionnelle par son propriétaire mais aussi par les politiques publiques, au niveau territorial (régions, conseils régionaux, collectivités locales, mairies), national ou européen. Il pourrait aussi être abondé par les branches qui souhaitent améliorer leur attractivité. Les fonds alloués au financement de ce droit individuel seraient gérés au niveau territorial dans un cadre interprofessionnel. Les partenaires sociaux participeraient à la gestion des fonds.

Ce droit individuel n’étant pas rattaché à une entreprise en particulier mais à la personne, il serait par nature transférable d’une entreprise à une autre sur l’ensemble du territoire national. Chaque année, les droits acquis seraient communiqués à la personne, ainsi que les différentes actions prioritaires mises en place par la région et/ou les branches professionnelles.

Instaurer une formation initiale différée.

La CFTC propose l’instauration d’une Formation Initiale Différé véritable nouvelle chance ou autre chance pour les jeunes ayant arrêtés leurs études avant le premier cycle de l'enseignement supérieur. Elle propose aussi de développer les passerelles entre la formation initiale et continue.

Revoir la fiscalité des familles.

La CFTC demande que soit revue la fiscalité des familles et avance l’idée d’une fiscalisation similaire à celle des entreprises, c'est‐à‐dire une fiscalisation qui repose sur l’investissement dans la formation éducation. Cet investissement est à soutenir puisqu’il est un investissement basé sur les compétences et l’obtention d’un diplôme.

Développer une GPEC territoriale pour les PME‐PMI.

Il s’agit de promouvoir les formations qui permettront d’orienter les jeunes sur les emplois de demain. Actuellement, seules les entreprises de plus de trois cents salariés doivent négocier des accords de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC).

Elle constitue un élément majeur pour faciliter les évolutions de carrières internes ou externes. Elle devrait naître de la volonté des entreprises de partager, avec les partenaires sociaux, leur stratégie de développement économique. Cette approche implique une réflexion concertée sur les métiers d’aujourd’hui et de demain, ainsi que les formations qui en découlent.

Propositions

Pour la CFTC, il est primordial de développer une GPEC territoriale qui reflète l’ensemble des besoins émergents des entreprises d’un bassin d’emplois. Elle a pour but de soutenir le développement des PME‐PMI, de leur permettre de mutualiser leurs moyens humains et financiers.

L’enjeu est d’inscrire cette démarche dynamique et anticipatrice au sein des territoires. Des lieux ressources seront créés afin d’accueillir, d’orienter, et d’accompagner les salariés désireux d’évoluer professionnellement au sein de leur territoire. L’enjeu sera de faciliter les mobilités choisies, c’est‐à‐dire de permettre des développements de carrières, et de créer des points de rencontre entre des offres et des besoins de compétences.