Les générations déshéritées

Une dénonciation du système actuel, devenu particulièrement injuste pour les jeunes, assortie de propositions concrètes de réformes. 

L' inquiétude quant au sort de la dette publique dans les pays développés, croisés aux discussions sur la réforme des systèmes de retraites, a relancé, dans les classes d’âges les plus jeunes, la suspicion d’une iniquité de traitement entre les générations. Comme s’il existait aujourd’hui des générations déshéritées à opposer aux générations privilégiées d’hier.

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Difficultés d’accès à l’emploi, au logement, au patrimoine… : la situation des jeunes, ces dernières années, n’a plus rien à voir avec celle de leurs parents au même âge.

Le temps des ascensions sociales rapides, telles que les ont connues les générations rentrées sur le marché du travail au cours des 30 Glorieuses, semble révolu, tandis que le risque de déclassement social et scolaire, quasi-inexistant pour ces générations « dorées », est depuis, pour les plus jeunes, devenu une réalité.

Par ailleurs, le creusement de la dette publique ne semble pas traduire l’augmentation dans les mêmes proportions d’un patrimoine public ou la mise en place de politiques d’avenir profitables aux jeunes.

L’examen des dépenses publiques démontre au contraire que, sur plusieurs décennies, la France a vécu au-dessus de ses moyens, laissant la facture à régler à des générations qui n’en auront pas tiré bénéfice.

Mickaël MANGOT, économiste, explique notamment de quelle manière le « système » économique, fiscal et social français, qui mêle protection de l’emploi importante, sécurité sociale tentaculaire, cotisations sociales élevées et déficit public récurrent, a contribué à pérenniser ces difficultés de la jeunesse d'une génération à l'autre.

Son analyse des responsabilités stigmatise en particulier un système fiscal et social à contresens qui procède à des transferts allant de ménages pauvres en revenus et patrimoine (les jeunes actifs) vers des ménages plus riches (les retraités), pressurant les individus durant leurs années d’activité pour les « chouchouter » une fois qu’ils sont en retraite.

Loin d’opposer 2 tranches de la population ou d’attiser une guerre des générations, Mickaël MANGOT témoigne des difficultés des jeunes générations et s’efforce d'établir une passerelle entre leur alarmante situation et la bonne santé économique relative des retraités dont le niveau de vie moyen équivaut -voire dépasse- désormais celui des actifs.

Il avance à cet effet des pistes de réforme -pour certaines très impopulaires visant à davantage d’équité intergénérationnelle dans les politiques publiques et d’équité fiscale entre les classes d’âge.

À modèle social inchangé, il s’agirait d’harmoniser la pression fiscale tout au long de la vie (au lieu de la concentrer sur les années d’activité) et de lever les protections qui profitent à une partie de la population installée dans l’emploi et le logement au détriment des autres, les outsiders du système dont font partie les jeunes malgré eux.

Un état des lieux précis et étayé de nombreux exemples, au-delà des arguments émotionnels et loin de tout discours culpabilisateur. Une vision d’ensemble, à l’intention du plus large public, pour dépasser son propre vécu, personnel et familial.

Une démarche citoyenne et constructive, salutaire contribution au débat public, susceptible de mieux structurer le dialogue intergénérationnel et de faire émerger un consensus autour d’un système réformé.

Mickaël MANGOT, diplômé de l'Essec, docteur en économie, est consultant en économie et finance comportementale. Chargé d'enseignement à l'Essec, ainsi qu'à l'Institut de Haute Finance, il est l'auteur de plusieurs ouvrages dont Les comportements en Bourse - 6 erreurs psychologiques qui coûtent cher (Gualino). Membre du Cercle Turgot, il a été lauréat du prix Turgot en 2005 pour Psychologie de l'investisseur et des marchés financiers (Dunod).


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