Les opportunités des relations générées par le travail semblent s’affaiblir en même temps que ses contenus sociaux, selon une récente étude de la Fondation de France sur la solitude.
27% des Françaises qui travaillent contre 20% en 2010 ne sont pas en capacité de construire des relations sociales dans le cadre de leurs activités professionnelles.
Les employés aux revenus les moins élevés (qui cumulent souvent précarité de l’emploi, faibles revenus, temps partiel et horaires atypiques) et les travailleurs indépendants (agriculteurs, micro entrepreneurs…) sont les plus exposés à cette incapacité à construire des relations sociales dans le cadre de leur activité professionnelle, toujours selon cette même étude.
Au global, 31% des personnes en emploi déclarent que leur travail ne leur permet pas "de faire de nombreuses rencontres et d’avoir de nombreux échanges avec les autres", ils étaient 25% en 2010.
Si l’on se centre sur les travailleurs pauvres, on peut retenir que 44% (contre 36% en 2010) des personnes ayant un travail leur rapportant moins de 1 000€ par mois, sont dans l’incapacité de construire des relations sociales dans le cadre de leur activité professionnelle.
21% d’entre eux n’ont aucune relation avec des collègues de travail.
Par conséquent, comparativement à 2010, la situation relationnelle des actifs en emploi s’est détériorée : 8% de la population en emploi est en situation d’isolement relationnel, contre 4% en 2010.
« Travailler » constitue donc de moins en moins un gage d’insertion dans les réseaux sociaux.
Cette dégradation a particulièrement impactée les personnes en emploi précaire (intérim et CDD) : 5% d’entre elles étaient en situation d’isolement en 2010, elles sont aujourd’hui 15% (soit une progression de 10 points).
De fait, la part des actifs en emploi au sein des personnes en situation d’isolement relationnel augmente.
37% des personnes isolées étaient en emploi au moment de l’enquête, contre 30% en janvier 2010. La part des personnes en emploi précaire a également sensiblement augmentée parmi les personnes isolées : elle est de 7% contre 3% en 2010.
L’augmentation du nombre de personnes en situation d’isolement tient moins à la progression du chômage, qu’à un affaiblissement de la fonction intégratrice du travail liée à l’instabilité de l’emploi (qui obère la construction de relations durables), aux nouvelles formes du travail (travail indépendant) et aux changements managériaux (qui limitent les possibilités d’échanges).