Une très ancienne maxime qui illustre un principe simple mais déclinable dans beaucoup de domaines. En fait, quand on parle de bons comptes dans l’amitié, on fait immédiatement référence au fait de l’échange gagnant-gagnant ou donnant-donnant qui fonde le principe même de l’amitié entre deux personnes.
Je te donne, tu me donnes et comme cet échange ou ce troc est complètement égal, on peut considérer que l’on est ami, car si cet échange avait été déséquilibré d’un côté ou de l’autre, ce ne serait tout simplement pas de l’amitié.
Plus tard la maxime "les bons comptes font les bons amis" a été associé à une notion d’argent.
Parfois, il arrive que l’on ait besoin d’argent, et on se tourne plus facilement et naturellement vers sa famille et ses amis. L’argent est sacré, et même un symbole facilement identifiable de ce que l’on peut confier ou donner à une personne.
On peut avoir du mal à évaluer un sentiment amical et surtout la valeur de l’échange de bons sentiments entre deux personnes, en revanche, échanger un billet de 50 euros contre un autre billet de 50 euros, tout le monde peut évaluer la réciprocité de l’échange.
Cet exemple permet d’introduire une autre notion sur les bons comptes entre amis : quel intérêt d’échanger quelque chose de parfaitement égal ?
Depuis l’invention du troc, une telle pratique n’a pas de sens utile.
Par exemple, les trappeurs canadiens échangeaient de la fourrure contre de la viande, ou alors un ami peut emprunter 100 euros à un autre ami, pour lui rendre un mois plus tard.
En fait, échanger de manière équitable ne signifie pas partager les mêmes choses ou alors en même temps.
Un sentiment amical de compassion peut s’échanger avec un sentiment de complicité. Un sentiment amical peut se donner à un instant, et se recevoir l’instant d’après.
Ce qui importe, c’est que la valeur perçue par la personne qui reçoit soit égale à la valeur perçue de ce qui est donné.
A partir du moment où un écart se creuse entre ces deux perceptions, s’installe un sentiment d’inimitié, voire de trahison puisque le principe même de l’amitié, est l’égalité absolue.
Celui qui transige avec ce principe avoue alors un sentiment qui n’est pas de l’amitié mais de l’opportunisme ou de l’avidité.