Quelles perspectives pour le nouveau capitaine de Coupe Davis

Quand Guy Forget s'est installé pour la toute première fois sur le banc de l'équipe de France de tennis, Arnaud Clément avait à peine 20 ans ! Il livrait de farouches batailles avec son copain, Sébastien Grosjean sur les terrains de tennis du monde entier. Bien lui en a pris, car il a tout de même réussi à atteindre 3 quarts de finale en Grand Chelem dans sa carrière.

Le "beau gosse" du tennis français a donc choisi un nouveau chemin dans sa carrière sportive, en acceptant de devenir le nouveau sélectionneur d'une équipe, en manque de victoires, depuis justement un fameux succès de ce même Arnaud Clément contre Marc Rosset en 2001.

La France est une des grandes nations historiques de la Coupe Davis, et le fait de ne plus avoir gagné de titre depuis plus de 10 ans, commence à faire tâche dans le palmarès de l'équipe nationale.

Les Mousquetaires avaient écrit une des plus belles pages de l'histoire du tennis français de 1923 à 1933, et quelque part, toutes les générations qui leurs ont succédé, savent que le statut de grande nation du tennis dépend justement de cette époque.

D'ailleurs, on se demande si notre titre de grande nation n'est pas finalement un peu usurpé ! Car, quand on regarde l'histoire de l'équipe de France en Coupe Davis, on se rend compte que notre pays a tout de même connu un long passage à vide de 50 ans entre 1934 et 1980.

Certes, la bande à Noah a remis la France sur les rails à la fin des années 90, imité par Forget, au début de son capitanat. Mais à nouveau, depuis 10 ans, la France patinne !

Quelques chiffres pour faire le point sur le statut de l'équipe de France en Coupe Davis

Depuis la création du groupe mondial en 1981, la France a remporté 3 Coupe Davis en 1991, 1996 et 2001, ce qui la positionne au 5ème rang des nations du tennis mondial, devant notamment l'Allemagne, la Russie, la Serbie, l'Italie ou encore la Suisse.

Figurent devant la France, des pays comme les USA, la Suède, l'Australie, et l'Espagne, c'est donc du côté de ces pays, que le nouveau capitaine des bleus va devoir se tourner, pour soit y trouver les prochains redoutables adversaires de son équipe, soit pour y chercher des sources d'inspirations à court et à moyen terme.

Bien sûr, n'occultons pas l'émergence d'un pays comme la Serbie, vainqueur en 2010 contre la France, en s'appuyant sur le futur numéro 1 mondial, Novak Djokovic et aussi sur Tipsarevic.

USA, Suède et Australie semblent à la croisée des chemins entre une génération déjà parti, et une autre qui peine à prendre la succession.

A ce titre, les américains traversent une période inédite d'absences de joueurs majeurs au premier plan. Depuis les retraites d'Agassi, Sampras ou Courrier, les jeunes américains n'ont pas pu reprendre la main sur le tennis mondial. Même si John Isner semble en net progrès, on ne le voit pas revenir au niveau du top 4 mondial pour l'instant.

Les américains n'ont plus remporté la Coupe Davis depuis 2007, ce qui est un résultat en soi, encore plus inquiétant que pour le tennis français.

Le constat est même encore pire du côté des suédois, orphelins de Wilander et Edberg, et qui n'ont plus remporté la coupe depuis 1998, date de leur dernière finale.

Enfin, l'Australie est exactement dans le même cas, puisqu'elle ne s'est plus imposée depuis 2003, date de sa dernière finale. A ce titre, l'ex-numéro 1 mondial, Leyton Hewitt est très proche de la fin de sa carrière. En revanche, le jeune Bernard Tomic semble être un des prochains grand phénomène du tennis mondial, alors attention au retour probable des australiens au sommet du tennis mondial.

Certes, un joueur ne suffit pas à faire d'un pays une grande nation de tennis ! L'exemple, le plus criant est la Suisse, qui pourtant compte sur Roger Federer, et qui n'a jamais remporté le saladier d'argent, voir n'a atteint qu'une seule finale en 1992 sans Federer, trop jeune à l'époque.

Des nations plus titrés que la France, il faut regarder du côte de l'Espagne pour réellement trouver un adversaire, qui semble à l'heure actuelle, hors de portée des tricolores.

Nadal, Ferrer, Almagro and co constituent une équipe solide, jeune, expérimentée, et capable de gagner sur plusieurs surfaces.

Prenons le classement actuel de l'ATP Tour par nations concernant le  TOP 30 :

• Serbie : 2
• Espagne : 6
• Suisse : 2
• Grande-Bretagne : 1
• France : 4
• République Tchèque : 2
• Argentine : 2
• USA : 3
• Croatie : 1
• Japon : 1
• Ukraine : 1
• Canada : 1
• Italie : 1
• Australie : 1
• Allemagne : 2

ci-dessus, le nombre de joueurs dans le top 30 par nations

Maintenant, calculons avec un indice la puissance des grandes nations du tennis en attribuant des points aux 30 premiers joueurs mondiaux. Ainsi, on donne 30 points au numéro 1 mondial, 29 points au numéro 2,...et 1 point au 30ème du classement.

Regroupons ces points par pays, et nous obtenons le rapport de force suivant :

On s'aperçoit que la France qui profite de 4 joueurs dans le top 30 (Tsonga, Simon, Monfils et Gasquet) occupe en fait la 2ème place de ce classement subjectif.

En réalité, Arnaud Clément hérite d'une très bonne équipe, et peut-être même d'une chance générationnelle !

Mis à part, l'Espagne ou les USA, les autres pays ne disposent pas de plus de 2 joueurs dans le top 30.

Donc, au moment de préparer son plan de bataille, le nouveau capitaine de l'équipe de France de tennis devra regarder du côté de l'exemple espagnol ou serbe, mais sans faire de complexes.

Au regard de ce tableau, on peut même penser que l'équipe de Guy Forget, qui s'est incliné contre les USA, quelques semaines plus tôt n'a pas réalisé son potentiel.

Forget est resté à la tête de l'équipe de France de Coupe Davis plus de 10 ans sans gagner le saladier d'argent !

On peut se demander si le président de la FFT accordera le même délai à Arnaud Clément, au regard du potentiel actuel de l'équipe de France ?

Même si tout le monde salue le sympathique ex-capitaine de l'équipe de France, son bilan n'est pas si flatteur sur ces 2 dernières saisons !

Arnaud Clément aura donc la charge de redresser la barre d'une équipe, qui ne s'est plus fait violence depuis 10 ans (finaliste en 2010) !

Gasquet, Simon, Tsonga et Monfils peuvent, et doivent plus sous le maillot tricolore. Une des difficultés, qui attend Arnaud Clément est aussi de remettre les joueurs au service de l'équipe, et faire taire les vélléités individuelles au profit du collectif.

Enfin pour conclure, il faut bien admettre que le fait de disposer de 4 bons joueurs n'est pas une assurance pour gagner le saladier d'argent. Le défi d'Arnaud Clément sera donc de pousser les 4 mousquetaires à se rapprocher encore plus du sommet, à l'image de Tsonga, 5ème mondial.

Le nouveau capitaine de l'équipe de France devra enfin exploiter pleinenement le potentiel de cette équipe, mais aussi travailler avec la direction technique de la FFT sur la formation des futurs cadres de l'équipe, et c'est peut-être là le plus difficile : Exploiter une génération et préparer la suivante.