L’Institut français du cheval

« Le voyage du Patrimoine »

En 2011, les journées européennes du patrimoine ont pour thème «le voyage du patrimoine ». L’Institut français du cheval et de l’équitationinvite au voyage avec l’exposition « les chevaux d’Abyssinie». Le cheval, c’est le patrimoine que l’établissement a voulu présenter.

Non sous le prisme de l’histoire, mais sous celui du voyage. Alain Laurioux, photographe du Cadre Noir de Saumur depuis plus de trente ans, en est le meilleur ambassadeur. Quel plus bel hommage pouvait-on faire que de présenter ses voyages ? Ce voyage c’est celui du cheval d’Abyssinie, clé de voûte d’une société dont le patrimoine tourne autour du cheval, celui d’un peuple cavalier authentique.

Le contraste entre cette invitation au voyage et ces lieux marqués par le poids de la tradition créé une impression saisissante pour le visiteur.

« Les chevaux d’Abyssinie »

Les chevaux d'Abyssinie

En 2003, Alain Laurioux effectue son premier voyage en Ethiopie ; il a depuis créé un lien fort avec ce pays. L’exposition « Les chevaux d’Abyssinie » relate son treizième voyage, en janvier 2011, qui avait pour objectif de découvrir les spécificités des ethnies des hauts plateaux et leurs rapports avec le cheval. Elle présente son parcours et ses rencontres avec un peuple cavalier qui a réussi à conserver des traditions depuis 2 000 ans. Alain Laurioux porte un regard ethnologique.

A travers cette exposition, il a souhaité faire apparaître le lien qui existe entre ces hommes et ces femmes d’Ethiopie et leurs montures.

Le goût pour le voyage, l’agriculture, et les peuples

Alain Laurioux a voyagé sur tous les continents avec un goût particulier pour les peuples qui vivent encore avec le cheval de façon quotidienne et traditionnelle. Il est né dans un milieu agricole qui a disparu aujourd’hui et a toujours défendu et entretenu ses racines paysannes. Au cours de ses voyages, il a développé un intérêt particulier pour l’agriculture, enjeu de survie dans les pays en voie de développement. L’exposition illustre certaines des problématiques agricoles de l’Ethiopie, située au coeur de la corne de l’Afrique et dont le sol est un des plus arides au monde. Les peuples des hauts
plateaux parviennent à cultiver le blé qui est la base de toute leur alimentation « l’injera ».

L’ethnologue

Sa curiosité est née des différences culturelles pouvant exister entre les peuples des différents pays qu’il a visités et la culture occidentale. A chaque déplacement, il emporte avec lui une centaine de photographies prises ici et là, sur ses voyages et sur le Cadre Noir. Il observe, amusé, les réactions des personnes. Il fait de la curiosité un atout et porte un regard complice et admiratif sur ces peuples.

Sur les traces d’Arthur Rimbaud en Éthiopie

De 1880 à 1891, le poète Arthur Rimbaud s'est converti au négoce et à l'exploration. Il est l'un des premiers occidentaux à parcourir cette région de la corne de l'Afrique, souvent dans des conditions difficiles.

Alain Laurioux a suivi les traces du poète sur une centaine de kilomètres à partir d’Aksoum.

Le peuple éthiopien

Considérée comme le berceau de l'humanité, lieu de la découverte de Lucy, l'Éthiopie est l'une des plus anciennes civilisations. Alain Laurioux a été attiré par cette nation qui a conservé sa souveraineté pendant la démembrement de l’Afrique au XIXème siècle et a été quasiment épargnée par la colonisation au XXème siècle.

L’exposition relate ses expériences dans la région des hauts plateaux au centre et au nord du Pays. Cette région, fréquentée essentiellement d’ethnologues et d’archéologues, conserve une histoire qui date du VIIIème siècle avant JC «le royaume D’mt» . Les ornements appelés les «lions du Négus» sur les harnachements des chevaux sont nés lors des guerres contre l’Empire romain. On dénombre six langues principales et 61 dialectes. 55% de la population est chrétienne et 45% est musulmane.

La population est à 95% agricole. Elle vit principalement du café (moyens plateaux 1400m), du blé « le teff » et de l’élevage (bétail).

Le cheval d’Abyssinie

Dans la tradition éthiopienne, ce sont les chrétiens qui utilisent les chevaux et les ânes pour le transport, le travail et comme animal de tradition. Les musulmans utilisent des chameaux pour faire le commerce du sel notamment.  Le pays compte 2,5 millions de chevaux et 5 millions d’ânes. D’après des experts, le cheval d’Abyssinie trouverait ses origines dans le pursang arabe et le barbe.

Le cheval est omniprésent dans les ethnies des hauts plateaux, il joue un véritable rôle culturel, religieux, social, agricole et environnemental. Sans le cheval il n’y a pas de déplacement. Aujourd’hui, l’Ethiopie est un des seuls pays sur terre à utiliser le cheval à 100%. Il n’y a pas de motos, de voitures, de camions et de tracteurs car les véhicules à moteur sont taxés par l’Etat à 195%.

rencontrez des cavaliers et des cavalières

La rencontre puis la photographie

Depuis son premier voyage en Ethiopie, Alain Laurioux travaille avec le même guide « Alamu » (guide de Nicolas Hulot pour l’émission Ushuaïa). Outre sa personnalité érudite et joviale, il détient une connaissance exemplaire du pays, maîtrise neufs dialectes et s’exprime dans un anglais parfait.

Pour photographier les hommes et les femmes d’Ethiopie, Alain Laurioux prend le temps, il s’arrête au gré des rencontres et peut suivre un groupe, une famille pendant plusieurs jours. La curiosité mutuelle fait ensuite le reste. Les gens s’habituent et, souvent par curiosité ou par fierté, se laissent  photographier, il n’ y a plus de gêne.

« Pour les portraits de personnes, par exemple au bord d’une route, je pose mon boîtier sur un pied et je le manipule. Cela interpelle et intrigue, les gens s’arrêtent. Cela peut durer pendant un quart d’heure et puis quand je sens que la personne est prête, détendue, je clique. »

Cette découverte mutuelle du photographe et de ces sujets caractérise la démarche photographique d’Alain Laurioux.

le photographe

« Alain Laurioux est un photographe talentueux. Il est surtout un homme qui travaille comme il vit : avec son coeur. Ses photos sont belles, mais surtout vivantes et témoignent, toutes, de sa profonde humanité, du plaisir qu’il a à rencontrer les autres et à partager un peu de leur existence, quelle qu’elle soit. Avec Alain, chaque moment est important et tout à la fois grave et léger ; et chacun de ceux qu’il rencontre est un roi qui vaut toujours de devenir son plus beau cliché, sa plus belle photo. Et ça tombe bien : il a toujours son appareil sous la main ! » Guillaume Henry, Responsable Equitation Editions Belin


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